Laissons De Côté Les Comparaisons Creuses : Entre La Gifle À Emmanuel Macron Et Celle Infligée Au caïd De Témara…

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*Par Dr-Chanfar Abdellah 

 

Au milieu du débat public suscité par le jugement rendu à l’encontre d’une femme ayant giflé un agent de l’autorité à Témara, certaines voix se sont élevées pour comparer cet incident à la gifle reçue par le président français Emmanuel Macron il y a quelques années, à une peine de quatre mois de prison ferme, après un procès rapide et médiatisé.
Or, bien que cette comparaison puisse paraître séduisante par son aspect sensationnel, elle manque de rigueur, de légitimité, et risque surtout de troubler la compréhension juridique des faits et d’induire l’opinion publique en erreur, et ce, pour plusieurs raisons valables :
Premièrement, la gifle adressée à Emmanuel Macron provenait d’un individu appartenant à des courants d’extrême droite, sympathisant du mouvement des Gilets Jaunes. Elle fut qualifiée, y compris par le président lui-même, de « grave, certes, mais nécessitant une réponse proportionnée », exprimant ainsi le refus d’instrumentaliser la justice pour des règlements de comptes politiques ou pour véhiculer une image répressive de l’État français. Le Maroc a d’ailleurs adopté une posture similaire en ne réclamant qu’un seul dirham symbolique à titre de dédommagement.
Deuxièmement, dans le cas marocain, nous sommes face à une situation radicalement différente dans son contexte et sa signification. La femme concernée a agressé un représentant de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions, dans un acte qualifié de violence volontaire et d’outrage intentionnel, ce qui constitue, selon le Code pénal marocain, un acte criminel portant atteinte à l’autorité de l’État et au principe de la primauté du droit.
Il est donc nécessaire de faire la distinction entre une critique légitime du pouvoir et une agression violente contre ceux qui le représentent. Il convient aussi de rappeler que la justice ne se résume pas à la durée de la peine, mais se juge à travers le contexte juridique et factuel, les garanties procédurales, ainsi que le respect du principe de proportionnalité entre l’acte et la réponse pénale.
Comparer les deux cas relève donc plus du sensationnalisme que d’une analyse objective, et contribue à brouiller la perception juridique et citoyenne. Une gifle n’est jamais un simple geste physique : elle est porteuse de contextes et de significations symboliques. Qui a giflé qui ? Où ? Pourquoi ? Et comment les institutions et la société ont-elles réagi ?
En France, malgré le caractère hautement symbolique de la fonction présidentielle, l’incident a été traité dans le cadre d’un État de droit, avec les garanties d’un procès équitable, et surtout un débat public ouvert sur les limites de la peine et la notion de proportionnalité.
Dans le cas marocain, les faits établissent que l’acte était délibéré, accompagné de violence et d’insultes à l’égard d’un agent de l’autorité dans l’exercice de ses fonctions. La loi est claire : elle protège ces représentants non pas pour leur personne, mais pour la fonction qu’ils incarnent: la légitimité de l’État et l’ordre républicain — la légitimité et l’autorité de l’État.
Ainsi, rejeter les comparaisons creuses ne signifie pas fuir le débat ou la critique, mais appelle à une rationalisation du discours public et à éviter les amalgames fondés sur l’émotion au lieu de la compréhension.
*En un mot: laissons tomber les comparaisons creuses.

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