Washington exclut la direction palestinienne : une décision grave qui perturbe la diplomatie internationale

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Abdellah Mechnoune

 

 

Dans une décision qui a pris de court les cercles diplomatiques, les États-Unis ont choisi de retirer ou refuser les visas d’entrée à plus de 80 responsables palestiniens, y compris le président Mahmoud Abbas, à la veille de l’ouverture de la prochaine Assemblée générale des Nations unies à New York, prévue fin septembre.

Alors que la Maison-Blanche présente cette mesure comme faisant partie de « dispositions souveraines visant à protéger la sécurité nationale américaine », plusieurs observateurs estiment qu’il s’agit d’une escalade politique de grande ampleur, susceptible d’avoir des conséquences directes sur l’avenir des relations américano-palestiniennes, ainsi que sur les équilibres géopolitiques au Moyen-Orient.

Selon des sources fiables au département d’État américain, ces restrictions visent des responsables de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) ainsi que de l’Autorité palestinienne, notamment en raison de ce que Washington perçoit comme un manque de condamnation explicite du terrorisme, leur recours à la justice internationale (Cour pénale internationale, Cour internationale de Justice), et leurs efforts constants pour obtenir une reconnaissance unilatérale de l’État de Palestine.

D’après les informations disponibles, cette exclusion touche des figures marquantes de la direction palestinienne, ce qui remet en question la participation de la délégation palestinienne à la prochaine Assemblée générale, exception faite de la mission permanente de la Palestine auprès des Nations unies, qui bénéficie d’un statut spécifique défini par l’accord de siège entre l’ONU et les États-Unis.

La décision américaine a fait l’objet d’une large condamnation diplomatique, notamment de la part de l’Union européenne, dénonçant une violation grave des normes multilatérales.

Kaja Kallas, haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères, a déclaré depuis Copenhague :

« Nous exhortons instamment les États-Unis à reconsidérer cette décision qui est contraire au droit international et qui nuit à l’esprit des Nations unies. »

La France, de son côté, a affirmé que priver une délégation officielle palestinienne de participation à l’Assemblée générale fragilise la neutralité du siège de l’ONU et affaiblit son rôle comme plate-forme de dialogue universel. Le Luxembourg est allé plus loin en suggérant de situer temporairement l’Assemblée générale à Genève, afin de garantir la présence des Palestiniens.

La direction palestinienne a exprimé son « profond regret », décrivant cette décision comme une tentative de faire taire la voix palestinienne au sein des forums internationaux, alors même que se déroulent des crimes et offensives continuels en Palestine — notamment la guerre dévastatrice à Gaza, qui a causé des dizaines de milliers de morts, de blessés et de disparus, majoritairement des civils.

Des cercles palestiniens qualifient cette mesure d’extension des pressions systématiques exercées par Washington, en lien avec les politiques mises en œuvre sous l’administration de Donald Trump, telles que le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, la reconnaissance de la ville comme capitale d’Israël ou le retrait de l’aide à l’UNRWA.

Ce qui pose le plus de problème, c’est le non-respect supposé du principe de neutralité du siège de l’ONU, conçu comme un espace international apolitique devant accueillir tous les États, quel que soit leur statut avec le pays hôte.

Bien que les États-Unis accueillent le siège de l’ONU, ils sont légalement contraints, par l’Accord de siège de 1947, de faciliter l’accès des représentants internationaux et de ne pas interférer dans la désignation des participants aux réunions officielles.

L’exclusion de hauts dirigeants palestiniens constitue un dangerux précédent, ouvrant la porte à une politisation des procédures de visa et fragilisant l’indépendance des institutions internationales.

Il n’est pas à écarter que cette affaire devienne un contentieux juridique international porté devant l’ONU, voire la Cour internationale de Justice, si les États-Unis persistent à refuser l’entrée du président palestinien.

Cet épisode relance également un vieux débat sur la relocalisation du siège de l’ONU dans un pays plus « neutre », une idée restée marginale jusque-là, mais qui trouve aujourd’hui un fondement politique renforcé.

La décision américaine d’interdire l’entrée d’une délégation palestinienne officielle constitue un nouvel affront à la légitimité internationale, et envoie un signal négatif d’une administration qui prétend encore soutenir la solution à deux États, tout en écartant l’un des protagonistes du dialogue.

Alors que le dossier palestinien entre dans une nouvelle phase de complexité diplomatique, il est clair que la bataille ne se joue plus seulement sur les champs de bataille, mais aussi dans les discours, les arènes diplomatiques et la représentation internationale.

L’Europe et la communauté internationale parviendront-elles à contraindre Washington à revenir sur sa décision ?
L’Assemblée générale de l’ONU sera-t-elle un espace de dialogue ou le théâtre d’un nouveau dévoiement diplomatique ?

Les semaines à venir seront déterminantes.

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