La rédaction d’Italia Telegraph a mené une interview captivante avec le scientifique marocain Dr Nabil Chiti, premier membre élu de la Fédération américaine de recherche médicale en Afrique et dans le monde arabe, et expert en IA auprès de l’Association canadienne d’intelligence artificielle (CAIAC). Il livre une analyse éclairante sur les enjeux environnementaux méconnus de l’IA :
« Personne ne conteste la révolution que vit l’intelligence artificielle, désormais omniprésente dans nos vies. Son développement exponentiel annonce des transformations radicales de nos modes de travail et d’existence d’ici quelques années.
Ce que beaucoup ignorent, c’est que l’IA consomme non seulement d’énormes quantités d’énergie, mais surtout des ressources hydriques colossales.
Les chiffres alarmants de la soif numérique
– ChatGPT : 0,5 à 2 litres d’eau consommés pour 10 à 50 requêtes.
– Génération d’images IA : 5 litres par image.
– GPT-3 : 700 000 litres d’eau nécessaires pour l’entraînement du modèle.
– Google : 24 milliards de litres d’eau utilisés en 2023.
Projections inquiétantes
Les estimations prévoient une demande mondiale en eau dédiée à l’IA de 4,2 à 6,6 milliards de m³ annuels d’ici 2027 – l’équivalent de la moitié de la consommation britannique ou 4 à 6 fois celle du Danemark. La Chine, à elle seule, pourrait dépasser les 3 milliards de m³ d’ici 2030 contre 1,3 milliard actuellement.
Facteurs clés de la surconsommation
– Localisation : Type de ressources hydriques exploitées (eau potable vs eaux souterraines)
– Refroidissement : Les circuits fermés ne suffisent pas à compenser les besoins croissants
– Croissance sectorielle : Microsoft a enregistré une hausse de 34% de sa consommation d’eau entre 2021-2022.
Dr CHITI lance un appel à une régulation mondiale
« En tant qu’experts, nous devons concilier innovation et préservation des ressources. Sans garde-fous juridiques et écologiques, nous risquons de devoir partager chaque goutte d’eau entre humains et machines », alerte le Dr CHITI, plaidant pour un développement « plus intelligent » de l’IA.
En conclusion, Dr Nabil CHITI rappelle : « Que chaque verre d’eau est un don précieux. À nous d’en user avec sagesse, pour préserver autant l’intelligence humaine qu’artificielle. »