L’institution de la Commanderie des Croyants : un rempart pour les constantes religieuses et nationales des Marocains du monde

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Article publié le 26 février 2025 à 16h19 dans le journal électronique italiatelegraph.com
Voir le lien de la version arabe d’origine : https://italiatelegraph.com/news-126778

Auteur : Dr. Allal Ez-zahouany

Chercheur en sciences islamiques et en questions d’ijtihad et de renouveau Laboratoire du Dialogue Civilisationnel et de l’Intégration Cognitive
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines – Université Mohammed Premier-Oujda

Traduction (première version) :
Dr Rachid HAMIMAZ, Professeur à l’IAV Hassan II. Rabat

Traduction (révision, reformulation et version définitive) :
Dr Samir HALOUI, Professeur à l’École Nationale Supérieure d’Administration. Rabat

Introduction

La relation entre le religieux et le politique dans le système marocain est une question structurelle profondément ancrée dans l’histoire du pays. Elle s’est consolidée à travers une continuité d’interactions entre ces deux sphères, en particulier par la réorganisation du champ religieux au Maroc et la mise en place d’une stratégie officielle de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.
Cette relation a été consacrée dans toutes les constitutions marocaines, de celle de 1962 à l’actuelle Constitution de 2011, où l’institution de la Commanderie des Croyants (Imarat Al-Mouminine) est explicitement mentionnée à l’article 41.

L’adoption de ce titre par les Marocains exprime leur indépendance politique et spirituelle vis-à-vis du califat oriental[1].

Un ancrage historique et doctrinal

Les pays d’Afrique du Nord ont été le théâtre d’influences doctrinales, juridiques, soufies et politiques variées.

Après l’islamisation progressive du Maghreb (englobant l’Afrique du Nord et Al-Andalus), diverses écoles de pensée venues du Machrek y ont été adoptées :

• Des émirats chiites et kharijites ont vu le jour,
• L’Andalousie a connu l’essor du courant zahirite, qui influença même la dynastie almohade avant que celle-ci ne revienne au malikisme sous l’influence des oulémas,
• Les Aghlabides, en Tunisie et en Algérie, adoptèrent le hanafisme et le mu‘tazilisme, sous l’influence du califat abbasside,
• Les Omeyyades d’Al-Andalus s’appuyèrent d’abord sur l’école chafiite (Al-Awza‘i), avant d’opter pour le malikisme,
• Les Fatimides chiites étendirent leur influence jusqu’au Maghreb central, mais leurs successeurs les Zirides finirent par se convertir au sunnisme malikite.Finalement, l’école malikite (Imam Malik Ibn Anas), associée à la lecture coranique de Nafi’Ibn Abî Nu’aym, est devenue la référence unificatrice des oulémas, des juges et des gouvernants[2].

L’institution de la Commanderie des Croyants : un pilier de la stabilité nationale

L’institution de la Commanderie des Croyants occupe une place centrale dans la stabilité et la cohésion de la société marocaine.

Elle incarne l’autorité suprême, à la fois politique et religieuse, fondée sur une légitimité transcendante, combinant :
Le sacré, l’identité historique et civilisationnelle et l’allégeance populaire (bay‘a)[3].

Ainsi, tous les Marocains, qu’ils résident au Maroc ou à l’étranger, ont des devoirs envers cette institution qui, elle-même, exerce des droits sur la communauté nationale.

1. La Commanderie des Croyants dans sa profondeur historique marocaine [4]

Les sources juridiques, les fondements doctrinaux et les références historiques s’accordent à reconnaître que l’institution de la Commanderie des Croyants est un héritage religieux et civilisationnel propre aux musulmans. Elle constitue l’un des piliers fondamentaux de l’État marocain authentique, puisant sa légitimité dans le choix de la nation, qui a adopté l’islam comme religion d’État depuis sa fondation.

Sous l’autorité de cette institution, le Maroc musulman a connu, depuis le IIᵉ siècle de l’Hégire, une continuité politique et religieuse ininterrompue, depuis l’État Idrisside, premier État islamique structuré établi à l’extrême ouest de l’Afrique du Nord, jusqu’à l’État chérifien Alaouite.

Grâce à cette institution légitime, le Maroc a bénéficié de sécurité et de stabilité, tout en préservant sa religion, sa foi, sa législation et ses valeurs morales. Elle a également assuré la protection des citoyens, de leur honneur, de leurs biens et de leur civilisation. Cette continuité a renforcé la cohésion nationale et élargi l’influence du pays, notamment dans ses relations avec ses alliés africains.

De plus, l’institution du Commandement des Croyants a joué un rôle de rempart pour la société marocaine, en restant neutre, impartiale et non partisane. Le Maroc demeure le seul pays à avoir préservé cette institution, ainsi que ses traditions, ses structures et ses repères historiques, qui reposent essentiellement sur le système de la bay’a (allégeance) légale.

La bay’a : un prolongement de l’héritage du califat islamique

Les sources historiques confirment que la bay’a marocaine s’inspire directement du modèle du califat islamique, qui constitue le cadre organisationnel du pouvoir en islam. Tous les documents relatifs aux bay’as marocaines soulignent l’importance de ce système dans la gestion des affaires de l’État.

Le titre de “Commandeur des Croyants” a été transféré au Royaume du Maroc après son émancipation du califat oriental, sous l’État Idrisside hassanide. Avec l’avènement de l’État chérifien Alaouite, ce titre est devenu un élément central des discours et des documents officiels.

En 1962, cette institution a été consacrée dans la Constitution marocaine, à l’article 19, faisant du Maroc le seul pays africain à avoir maintenu un lien direct avec son héritage historique lors de son entrée dans l’ère constitutionnelle. Cet attachement a été consolidé à travers les révisions constitutionnelles de 1970, 1972, 1992 et 1996, renforçant ainsi la place de la Commanderie des Croyants au sein de l’État marocain moderne.

La Constitution de 2011, dans son article 41, stipule que :

“Le Roi, Commandeur des Croyants, est le protecteur de la foi et de la religion, et le garant de la liberté de pratiquer les affaires religieuses…”.

Cette révision constitutionnelle consacre ainsi l’institution de la Commanderie des Croyants, comme cadre constitutionnel et base légale de l’État pour le Califat au Maroc. Ce système repose sur le contrat de la bay’a légale, suivant l’exemple des compagnons du Prophète ﷺ à la Saqifa de Banu Sa’ida, lorsqu’ils prêtèrent allégeance au calife Abu Bakr Al-Siddiq (qu’Allah l’agrée).

C’est cette même tradition que suivit feu Sa Majesté le Roi Hassan II, à l’instar de ses illustres prédécesseurs. Ainsi, le système de la bay’a constitue l’un des fondements essentiels de la légitimité de l’institution de la Commanderie des Croyants au Maroc.

2.Finalités et objectifs nobles de l’institution de la Commanderie des Croyants

L’institution de la Commanderie des Croyants (Imarat Al-Mouminine), garante de la préservation de la religion et de l’unité de la communauté au Maroc, est restée fidèle à son essence historique.

Elle incarne un islam ouvert et équilibré, fondé sur trois piliers essentiels :

• Le malikisme sunnite, qui relie le Texte sacré à la réalité sociétale,
• L’ash‘arisme, qui établit un équilibre entre le Texte (le Saint Coran et les paroles prophétiques ou Hadiths) et la raison,
• Le soufisme junaydite, qui harmonise le Texte et l’aspiration spirituelle.

À travers l’histoire, l’approche marocaine en matière de sécurité spirituelle s’est distinguée par sa fermeté et sa constance, garantissant une stabilité religieuse et sociale durable.

Une vision anticipative et un cadre de tolérance religieuse

La présence millénaire des communautés juive et chrétienne au Maroc a conduit l’institution de la Commanderie des Croyants, en tant qu’autorité religieuse suprême, à adopter une vision anticipative dans la réforme du champ religieux.

Cette approche a été affirmée par SM. Le Roi Mohammed VI dans son discours du samedi 30 mars 2019, prononcé lors de sa rencontre avec le Pape François :

« En ma qualité de roi du Maroc et de Commandeur des Croyants, je suis le garant de la liberté de culte. Je suis ainsi l’émir de tous les croyants, quelles que soient leurs religions. En cette qualité, je ne saurais parler de ‘terre d’islam’ comme si les non-musulmans n’y existaient pas. Je suis le garant de la liberté de pratiquer les religions révélées. Je suis le protecteur des juifs marocains et des chrétiens venus d’autres pays, qui vivent au Maroc. »[5]

[Cette vision place l’Imarat Al-Mouminine dans une position unique, où l’autorité religieuse suprême est aussi un garant de la coexistence et du vivre-ensemble] .

La restructuration du champ religieux : unité, modération et lutte contre l’extrémisme

Le souverain a consacré son discours du 30 avril 2004, à la restructuration du champ religieux, afin de renforcer l’unité dans la diversité, d’ancrer la modération et la tolérance, et de lutter contre l’extrémisme et le terrorisme. Il a notamment précisé :

« Si la gestion des affaires temporelles se nourrit du débat démocratique et de la pluralité des opinions pour servir l’intérêt général, le domaine religieux exige, quant à lui, l’attachement à notre référence historique unique : le malikisme sunnite, unanimement adopté par la communauté. Nous en sommes les dépositaires. Nous considérons notre engagement religieux de sauvegarder l’unité du rite, au même titre que notre engagement constitutionnel de préserver l’unité territoriale de la nation. Nous veillons à un effort d’interprétation (ijtihad) éclairé, en phase avec les évolutions de notre temps. »[6]

Ainsi, toute remise en cause de l’ash‘arisme ou du malikisme sunnite ne constitue pas seulement une menace pour l’identité religieuse marocaine, mais aussi une atteinte aux efforts constants du Roi pour garantir la sécurité spirituelle des citoyens.

Les fondements de la sécurité spirituelle marocaine

La sécurité spirituelle repose sur la préservation d’un islam marocain authentique, caractérisé par :

• L’attachement à la Sunna et à la communauté (Ahl al-Sunna wa al-Jama‘a), • La modération et l’équilibre,
• L’ouverture et l’appel à Dieu par la sagesse et le bon conseil,
• Le rejet des innovations blâmables (bida‘), de l’extrémisme aveugle et de l’instrumentalisation politique de la religion.

Cet islam, transmis par le Prophète Muhammad (paix et salut sur lui), constitue l’identité profonde des Marocains et renforce leur unité spirituelle et nationale.

Il s’incarne à travers l’allégeance (bay‘a) au Commandeur des Croyants, qui protège la nation des divisions sectaires et des dérives extrémistes.

Extrait du discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion de la Fête du Trône, jeudi 30 juillet 2015

« Je conclus mon discours, cher peuple, en vous rappelant l’importance de préserver l’héritage précieux légué par nos ancêtres : l’identité marocaine authentique, source d’admiration et de fierté. Il est de votre devoir, tant sur le plan national que religieux, de sauvegarder cette identité et de rester attachés au malikisme sunnite, transmis de génération en génération par les Marocains.

N’oubliez jamais pourquoi nos compatriotes ont sacrifié leur vie durant les Première et Seconde Guerre mondiales, ainsi que sur divers fronts. Pourquoi notre grand-père bien-aimé, feu Sa Majesté Mohammed V, a-t-il été exilé ? C’était pour défendre les valeurs spirituelles et humaines que nous partageons tous.

Aujourd’hui, nous luttons contre l’extrémisme et le terrorisme. Aurions-nous une raison d’abandonner nos traditions et nos valeurs civilisationnelles, fondées sur la tolérance et la modération pour adopter des doctrines étrangères à notre éducation et à notre éthique ? Bien sûr que non.

Ne laissez personne, de l’extérieur, vous donner des leçons sur votre religion. Rejetez toute invitation à suivre un courant ou une idéologie venue d’Orient, d’Occident, du Nord ou du Sud – tout en respectant les religions révélées et leurs écoles.

Refusez les divisions. Restez, comme toujours, attachés à l’unité de votre rite et de vos valeurs sacrées, fermes dans vos principes, fiers de votre religion et de votre appartenance à la patrie. » [7]

Le modèle marocain de gestion du fait religieux

Le modèle marocain de gouvernance religieuse s’adapte aux défis contemporains en garantissant une coexistence harmonieuse entre cultures, civilisations et religions.

Il ne se limite pas à la gestion des affaires religieuses, mais englobe également des enjeux éducatifs, éthiques et sociétaux, avec une vision à la fois actuelle et prospective.

Son objectif principal est de bâtir une société modérée, juste et solidaire, ancrée dans son authenticité historique, tout en restant ouverte et connectée au monde.
Ce modèle constitue un véritable pont humain entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, malgré les divergences idéologiques et sociales.

Efficacité et reconnaissance internationale

À une époque marquée par la montée des conflits sectaires, de l’intolérance et de la radicalisation, le modèle marocain a démontré son efficacité et sa pertinence.
Sa force ne repose pas uniquement sur une approche sécuritaire ou répressive, mais sur une vision globale et inclusive, intégrant :
• Une éducation solide,
• Une formation religieuse innovante et adaptée aux enjeux modernes,
• Un équilibre entre ouverture et enracinement identitaire,
• Un discours religieux modéré et accessible,
• Une adhésion aux enseignements de l’islam prônant la tolérance, le dialogue et la rationalité.

Le Maroc : une référence en matière de sécurité spirituelle

Sur la scène internationale, le Maroc s’est imposé comme un modèle de référence en matière de sécurité spirituelle, notamment pour les Marocains résidant à l’étranger.
Historiquement attaché à l’ash‘arisme et au malikisme – des doctrines fondées sur la rigueur intellectuelle, une pensée non dogmatique et un dialogue constructif –, le Royaume promeut un islam modéré et respectueux des autres religions.

De nombreux pays africains et européens ont bénéficié de l’expertise marocaine en matière de gouvernance religieuse, une approche largement saluée au niveau mondial comme étant l’incarnation même de la vocation universelle de l’islam : une religion de modération et de tolérance [8].

Extrait du discours du Trône du 30 juillet 2004

« Nous sommes résolus à poursuivre la réforme du champ religieux afin de renforcer les valeurs fondamentales de notre religion islamique et de préserver l’unité du malikisme sunnite, tout en favorisant une interprétation éclairée (ijtihad) adaptée aux évolutions contemporaines. L’objectif est de protéger nos générations des influences idéologiques étrangères et destructrices ».
Cette réforme ne se limite pas à son intégration dans les sphères éducative et culturelle, mais s’étend également au domaine politique, qui demeure un espace de divergence démocratique. Cela implique que l’action politique doit rester distincte de toute instrumentalisation du religieux, en raison du caractère sacré de ses principes, qui ne sauraient être sujets à division.
Ainsi, dans le cadre de la monarchie constitutionnelle marocaine, politique et religion ne convergent que sous l’autorité du Commandeur des Croyants (Imarat Al-Mouminine). En assumant cette haute responsabilité, nous veillons à ce que la politique soit exercée dans les institutions dédiées, et que la gestion du religieux soit confiée aux conseils scientifiques, aux instances compétentes et aux lieux de culte, tout en garantissant la liberté de pratiquer le culte, dont nous sommes les protecteurs. »[9]

L’arbitrage royal : entre religion et politique

Le discours royal souligne que la politique et la religion ne se rejoignent qu’au sein de la Commanderie des Croyants, empêchant ainsi toute tentative de récupération idéologique ou partisane du religieux.
Cette approche vise à séparer religion et politique dans les institutions et les pratiques, tout en rappelant que leur convergence légitime réside uniquement dans l’autorité du Commandeur des Croyants.
L’arbitrage royal ne repose pas sur une expertise religieuse, qui relève exclusivement des oulémas et des maîtres soufis, mais sur une fonction de supervision, d’arbitrage et de décision.
Loin d’être neutre, cet arbitrage traduit toujours des choix stratégiques et décisifs[10].

Exemples historiques d’arbitrage sous Hassan II :

• Années 1960 : Hassan II favorise les notables ruraux face aux élites urbaines du parti de l’Istiqlal.
• 1962-1963 : Il soutient le Front de défense des institutions constitutionnelles (FDIC) de Reda Guedira.
• Années 1980 : Lors d’un conflit entre le gouvernement et les syndicats enseignants sur les salaires, l’arbitrage royal impose une augmentation du temps de travail plutôt qu’une revalorisation salariale[11].

L’évolution de l’arbitrage sous Mohammed VI

Sous Mohammed VI, la fonction d’arbitrage royal a pris une dimension renouvelée, notamment à travers l’arbitrage sur la question de la femme. Il a été sollicité, en tant que garant suprême et sommet de la pyramide hiérarchique, dans la gestion du champ religieux.
Dans ce contexte critique, combinant un phénomène religieux et politique, se confirme l’importance de l’intervention de l’institution de la Commanderie des croyants. La révision du Code de la famille (2004) illustre cette dynamique.

SM. le Roi a été saisi en sa qualité de Commandeur des Croyants et non en sa qualité de chef de l’État. Cette réforme a marqué une rupture avec les interprétations rigoristes du Texte religieux, adoptant une vision équilibrée et moderne, prenant en considération les droits de la femme.
Cette démarche a permis d’atténuer les contraintes héritées des lectures traditionalistes, en alignant le droit familial sur les principes de justice et d’égalité sociale.

Réforme post-2003 : Sécurité spirituelle et restructuration institutionnelle
L’arbitrage royal dans la question de la femme a marqué une transition entre deux étapes : de l’ère de la constitutionnalisation et de la consolidation institutionnelle sous le règne d’Hassan II à l’ère de la modernisation et de la restructuration sous le règne de Mohammed VI.
Les attentats de Casablanca du 16 mai 2003 ont conduit à une restructuration significative du champ religieux, redéfinissant ainsi le statut et la fonction de l’Imarat Al-Mouminine.
D’une approche fondée sur une institutionnalisation sous Hassan II, l’Imarat Al-Mouminine est passée à une phase de ré-institutionnalisation dynamique sous Mohammed VI. Cette transformation a impliqué :

• [Une redistribution des rôles entre acteurs religieux (oulémas, conseils scientifiques, zaouïas)
• Un meilleur équilibre entre tradition religieuse et défis contemporains (éducation, lutte contre l’extrémisme).
• Une intégration accrue des femmes dans la gouvernance religieuse, notamment par la formation de mourchidates (prédicatrices islamiques), marquant ainsi une ouverture inédite dans l’histoire de l’islam institutionnel au Maroc.] [12]

[Synthèse : Un modèle en mouvement entre Tradition et modernité
L’Imarat Al-Mouminine incarne une particularité marocaine, où le religieux et le politique coexistent sans se confondre. En tant qu’arbitre suprême, le Roi assure une médiation entre héritage spirituel et aspirations modernes, évitant aussi bien les dérives sécularistes que les excès dogmatiques.
Ce modèle, reconnu pour sa résilience face aux crises régionales, demeure un pilier de la stabilité marocaine et une référence internationale pour les pays confrontés aux défis de la pluralité religieuse et de la modernité.].

3- La Commanderie des Croyants : Un modèle universel de tolérance et de coexistence interreligieuse

Le modèle de la Commanderie des Croyants dans la gestion et l’organisation des affaires religieuses ne se limite pas à la protection et à la préservation des intérêts des croyants musulmans.
Il incarne également un modèle universel, fondé sur les valeurs de tolérance, de coexistence et du vivre-ensemble avec les adeptes des autres religions, au sein de la communauté des sujets Marocains de l’Émir des Croyants.
Cela concerne notamment la communauté juive, historiquement enracinée au Maroc et qui y demeure nombreuse et influente.

Les archives marocaines attestent que ces principes ont toujours été respectés, comme en témoignent les nombreux discours de feu Sa Majesté le Roi Mohammed V, adressés aux Juifs marocains à différentes occasions.

Ainsi, lors du discours de la Fête du Trône de 1943, au moment de leur allégeance, il déclara :
« Vous êtes, comme tous les citoyens musulmans, nos sujets dans ce pays fidèle. Votre appartenance à cette nation nous impose une affection profonde et un engagement sincère à veiller sur votre sécurité, afin que vous soyez encore plus respectés et honorés par vos frères musulmans, dans une relation de fraternité et d’amitié ininterrompue à travers les âges… ».

Une protection équitable de la liberté religieuse
Conformément aux prérogatives de l’Émir des Croyants, qui veille à la préservation de la religion de l’ensemble de ses sujets, cette mission implique l’absence de toute discrimination entre musulmans et non-musulmans dans l’exercice de leur culte, un droit garanti à tous.
Mieux encore, parmi ses attributions légitimes, figurent la garantie du droit de chacun à pratiquer sa religion, la protection des lieux de culte, ainsi que la reconnaissance des valeurs du vivre-ensemble, de la coexistence et des principes humains universels partagés.
Cette vision s’inscrit dans une approche islamique respectueuse du droit à la liberté de croyance, d’opinion et de pensée, sans porter atteinte aux fondements du vivre-ensemble.
Jamais il n’y a eu de discrimination entre Marocains musulmans et juifs, et il n’y en aura jamais. Les Juifs marocains sont des citoyens à part entière devant la loi, au même titre que leurs concitoyens musulmans, comme l’affirme la Constitution marocaine dans son préambule :
« Le Royaume du Maroc, État musulman souverain, attaché à son unité nationale et territoriale, œuvre à la préservation de la diversité et de la cohésion de son identité nationale, unifiée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe, saharo-hassanie, et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen.
L’identité marocaine se distingue par la place centrale qu’occupe la religion islamique, dans le cadre d’un peuple attaché aux valeurs d’ouverture, de modération, de tolérance, de dialogue, et de compréhension mutuelle entre les cultures et les civilisations humaines. ».[13].

4- L’institution de la Commanderie des Croyants : Un rempart protecteur pour les Marocains du monde

L’ouverture et la tolérance de l’institution de la Commanderie des Croyants dépassent les frontières nationales. Elles reposent sur la nature même de cette institution, fondée sur le lien légitime d’allégeance entre le souverain et ses sujets, et consacrées par l’article 16 de la Constitution marocaine, qui stipule[14] :

« Le Royaume du Maroc œuvre à la protection des droits et intérêts légitimes des citoyennes et citoyens marocains résidant à l’étranger, dans le respect du droit international et des lois en vigueur dans les pays d’accueil.
Il veille également au maintien des liens humains, notamment culturels, avec eux, et à la préservation de leur identité nationale.
« L’État s’attache à renforcer leur contribution au développement de leur patrie, le Maroc, ainsi qu’à consolider les relations d’amitié et de coopération avec les gouvernements et les sociétés des pays où ils résident ou dont ils sont citoyens. ».

Un cadre juridique garantissant l’égalité et la protection des droits
Par ailleurs, l’article 17 de la Constitution affirme que les Marocains du monde jouissent pleinement des droits de citoyenneté.
En vertu de ce droit constitutionnel, protégé par l’institution de la Commanderie des Croyants, tout citoyen marocain, quelle que soit sa religion, son origine ethnique ou son genre, bénéficie sans discrimination de ses droits et intérêts légitimes. Parmi ces droits figurent :
• Le maintien de son identité nationale,
• La liberté de visiter ou de séjourner au Maroc à tout moment,
• Le droit de résider dans son pays d’origine – le Royaume du Maroc –,en tant que citoyen marocain, avec l’ensemble des droits et des devoirs qui en découlent.

Liste des références

• La situation religieuse au Maroc, 2014-2015, Institution de l’Émirat des Croyants, Hossam Hab, Centre Al-Maghrib Al-Aqsa pour les études et la recherche, Imprimerie TeamPrint Maarif, Casablanca.
• Les choix marocains en matière de religion et de doctrine, Ahmed Raissouni, Dar Al-Kalima pour l’édition et la distribution, Égypte, 1ʳᵉ édition, 2018.
• Le Maroc face à la modernité, Mohamed Sabila, Collection Kitab Al-Jayb (Livre de poche), n°4, Publications du journal Az-Zaman, Rabat, juillet 1999.
• Revue Nawafidh, n°31, 2006, deuxième partie, L’Institution de l’Émirat des Croyants : de la constitutionnalisation à la restructuration, Mohamed Choukri Salam.
• Le Cheikh et le disciple : Le système culturel du pouvoir dans les sociétés arabes modernes, Abdellah Hammoudi, traduit par Abdelmajid Jihfa, Éditions Toubkal, Casablanca, 2000.
• L’Institution de l’Émirat des Croyants dans sa profondeur historique marocaine et ses manifestations internes et externes, Dr. Hamid Lahmer, Site de la Fondation Mohammed VI des Oulémas Africains : www.fm6oa.org
• Le modèle marocain de gestion des affaires religieuses, Abdellah Boussouf, 63ᵉ édition du Salon international du livre de Belgrade, lundi 21 octobre 2018.
Site web : www.ccme.org.ma

Liste des renvois

1. Voir : La situation religieuse au Maroc, 2014-2015, Institution de l’Émirat des Croyants, Hossam Hab, Centre Al-Maghrib Al-Aqsa pour les études et la recherche, Imprimerie TeamPrint Maarif, Casablanca, p. 14.
2. Les choix marocains en matière de religion et de doctrine, Ahmed Raissouni, Dar Al-Kalima pour l’édition et la distribution, Égypte, 1ʳᵉ édition, 2018, pp. 15-16.
3. Voir : Le Maroc face à la modernité, Mohamed Sabila, Collection Kitab Al-Jayb (Livre de poche), n°4, Publications du journal Az-Zaman, Rabat, juillet 1999, p. 81.
4. Voir : L’Institution de l’Émirat des Croyants dans sa profondeur historique marocaine et ses manifestations internes et externes, Dr. Hamid Lahmer, Site de la Fondation Mohammed VI des Oulémas Africains : www.fm6oa.org.
5. Discours du Roi Mohammed VI, samedi 30 mars 2019, en marge de la rencontre avec le Pape François.
6. Discours du Roi Mohammed VI, 30 avril 2004.
7. Discours du Roi Mohammed VI à l’occasion de la Fête du Trône, jeudi 30 juillet 2015.
8. Voir : Le modèle marocain de gestion des affaires religieuses, Abdellah Boussouf, 63ᵉ édition du Salon international du livre de Belgrade, lundi 21 octobre 2018, adaptation.
Site web : www.ccme.org.ma.
9. Extrait du discours royal de la Fête du Trône, 30 juillet 2004.
10. Voir : Revue Nawafidh, n°31, 2006, deuxième partie, L’Institution de l’Émirat des Croyants : de la constitutionnalisation à la restructuration, Mohamed Choukri Salam, pp. 42-43.
11. Voir : Le Cheikh et le disciple : Le système culturel du pouvoir dans les sociétés arabes modernes, Abdellah Hammoudi, traduit par Abdelmajid Jihfa, Éditions Toubkal, Casablanca, 2000, pp. 43-46.
12. Voir : Revue Nawafidh, n°31, 2006, deuxième partie, L’Institution de l’Émirat des Croyants : de la constitutionnalisation à la restructuration, Mohamed Choukri Salam, pp. 41-42.
13. Voir : L’Institution de l’Émirat des Croyants dans sa profondeur historique marocaine et ses manifestations internes et externes, Dr. Hamid Lahmer, Site de la Fondation Mohammed VI des Oulémas Africains : www.fm6oa.org.
14. Idem.

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