Les putschistes du Niger agitent le sentiment antifrançais, pour cacher les vraies erreurs des gouvernements nigériens, notamment, la mal gouvernance, la corruption…
Dr. Mohamed Benomari
Après le coup d’Etat au Niger, la défiance vis-à-vis de la France est devenue un élément-clé du discours des militaires, comme de celui des manifestants qui les soutiennent. D’où vient ce rejet ?
Il faut distinguer ce qu’on appelle le sentiment antifrançais et le sentiment anti-présence militaire française. Environ 1 500 soldats français se trouvent au Niger depuis que Paris a fait du pays le cœur de son dispositif au Sahel, en 2022.
« Nous assistons à une instrumentalisation politique du sentiment d’hostilité contre certains aspects de l’héritage colonial : par exemple, le franc CFA, la coopération militaire. C’est un terreau fertile pour des autorités n’ayant aucune légitimité juridique et qui ont besoin de trouver une légitimité populaire » explique Amadou Sadjo Barry, chercheur en éthique des relations internationales et professeur de philosophie au Québec.
Le slogan « France, dégage » est devenu une nouvelle modalité de légitimation du pouvoir politico-militaire en Afrique francophone.
Le problème, c’est que, lorsque les putschistes agitent le sentiment antifrançais, ils empêchent de penser les vraies erreurs et problèmes et maladresses de leur pays comme la surfacturation, la corruption, la mal gouvernance, la sècheresse, l’insécurité, le règne de la terreur causés par les jihadistes, l’Etat islamique et les terroristes, mais aussi de voir en quoi les Nigériens aussi ont pêché comme. Le Niger, par exemple, étant parmi les pays les plus pauvres au monde, avec plus de six enfants par femme, a le plus haut taux de fécondité du monde.
Pourquoi, par exemple, leurs gouvernements ont échoué à établir un développement socio-économique, à radicaliser les terroristes, les terroristes et l’Etat Islamique, et à mettre sur pied un cadre institutionnel capable d’avoir une coopération d’égal à égal et Win-Win avec la France, mais aussi avec des pays comme les Etats-Unis, la Chine, la Turquie, l’Inde, et d’autres encore.
Au fond, « le sentiment antifrançais est le résultat de l’incapacité des dirigeants africains à penser leurs relations avec le système international depuis les indépendances », souligne Amadou Sadjo Barry, chercheur en éthique des relations internationales et professeur de philosophie au Québec.