La question clé : pourquoi cette offensive contre le Maroc et comment la transformer en levier stratégique ? (7 sur 6)

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Par Dr Mohammed Berraou, expert international en gouvernance et auteur du livre La bonne gouvernance à la lumière des orientations royales

 

Un épisode supplémentaire incontournable, qui vient clore la série de réponses aux six épisodes publiés par le journal Le Monde sous le titre : “L’énigme Mohammed VI”.

 

Introduction

Alors que les relations entre Rabat et Paris prennent un tournant stratégique décisif, marqué notamment par la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara, Le Monde publie une série de six articles consacrés au roi Mohammed VI et à son entourage.

Officiellement présentée comme une enquête, cette série s’apparente en réalité à une opération de disqualification narrative.

Pourquoi cette offensive médiatique ? Et surtout : comment y répondre intelligemment, sans tomber dans la réaction défensive ou émotive ?

Pour y répondre, cet article se structure en deux parties :

  • La première déconstruit le récit biaisé véhiculé par cette série d’articles.
  • La seconde propose des pistes concrètes pour transformer cette attaque en levier stratégique au service du récit souverain du Maroc.

Première partie : Un récit biaisé au service d’un agenda idéologique

Une cible claire : la centralité royale

Dans cette série de six articles, le Maroc n’est pas interrogé. Il est suspecté. Le roi n’est pas analysé. Il est réduit à une énigme opaque. Les réformes institutionnelles ? Oubliées. Les transitions économiques et sociales ? Minimisées. La montée en puissance régionale du pays ? Requalifiée en stratégie d’influence.

Ce que Le Monde refuse d’admettre, c’est que le Maroc avance sans demander la permission. Et c’est précisément cela qui dérange une certaine presse française : un royaume qui ne suit plus les récits prescrits, mais qui affirme un cap, un modèle, et une voix propre.

Une lecture biaisée, un récit verrouillé

Les six articles évacuent systématiquement :
• la réforme constitutionnelle de 2011 ;
• la dynamique multipartite, certes encadrée, mais réelle ;
• les réformes sociales en cours (protection sociale, santé, inclusion) ;
• les choix stratégiques en matière de diplomatie Sud-Sud, d’énergie, et d’industrialisation.

Tout est ramené à des dynamiques de cour, à des relations personnelles, à des gestes symboliques interprétés avec une subjectivité totale. Le soupçon devient méthode. La caricature devient grille d’analyse.

Ce que Le Monde n’a pas compris

Le Maroc n’est pas une anomalie politique à décrypter à distance. Il est une trajectoire historique assumée, un système hybride qui combine tradition et modernisation, et surtout une souveraineté pleine, que nul média étranger n’a à valider.

Oui, le Maroc n’est pas parfait. Oui, les réformes prennent du temps. Mais ce temps n’est pas un signe de stagnation, c’est le rythme d’un pays conscient de ses complexités, fidèle à ses équilibres, et maître de ses choix.

Deuxième partie : Construire une réponse stratégique et souveraine

Après le constat, que doit faire le Maroc ?

Une réponse posée à la presse étrangère – ce que nous avons tenté de faire à travers les épisodes de cette série de réactions – est importante et assurément nécessaire, mais elle reste insuffisante…

Il faut construire une puissance narrative durable, à la hauteur du rôle régional et continental que le Maroc est en train de jouer. Cela passe par plusieurs chantiers stratégiques :

  1. Renforcer la souveraineté médiatique et narrative
  • Développer des médias marocains à rayonnement international.
    • Former une nouvelle génération de journalistes, analystes et penseurs capables de porter une parole marocaine globale, crédible, et structurée.
    • Créer une cellule de veille stratégique face aux récits hostiles ou biaisés.
  1. Accélérer les réformes internes visibles
  • Mieux communiquer sur les chantiers sociaux (protection sociale, santé, éducation).
    • Renforcer la transparence institutionnelle pour désarmer les lectures conspirationnistes.
    • Continuer à moderniser la justice, l’administration et les espaces de participation politique.
    NB : L’enjeu des prochaines élections législatives est crucial : il ne faut surtout pas le manquer.
  1. Assumer une diplomatie de respect mutuel
  • Conditionner les partenariats stratégiques au respect du narratif souverain marocain.
    • Ne plus tolérer les doubles discours : coopération économique d’un côté, mépris médiatique de l’autre.
    • S’ancrer davantage dans une diplomatie du Sud global, plus alignée avec les intérêts du Maroc.

Conclusion : Le Maroc ne se justifie pas. Il s’explique. Et avance.

Le Maroc n’est pas une énigme. C’est une trajectoire politique singulière, forgée par l’histoire, soutenue par un pacte national, et guidée par une monarchie qui incarne à la fois la stabilité, l’unité et la réforme.

Le mépris déguisé en analyse n’est pas une nouveauté. Mais le Maroc de 2025 n’est plus un terrain d’observation passive. Il est un acteur. Une voix. Une dynamique.

Le Maroc ne demande pas à être aimé. Il exige à être respecté.
Il ne se plie pas aux narratifs importés. Il construit le sien.
Et ce récit, plus que jamais, lui appartient.

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