Abdellah Mechnoune
À un moment critique de mutations géopolitiques régionales et internationales, le régime algérien a choisi d’ouvrir un nouveau front de tension, cette fois avec les Émirats arabes unis, sans justification politique claire ni base diplomatique cohérente. Alors que cette période devrait favoriser la construction de partenariats stratégiques et la consolidation des alliances régionales, l’Algérie glisse dans un discours hostile qui ne peut être compris qu’à travers le prisme d’une crise interne profonde et d’une volonté de détourner l’attention de la population.
La campagne médiatique officielle lancée contre les Émirats, avec un langage virulent et inapproprié, soulève de sérieuses interrogations sur la logique qui guide la politique extérieure du régime algérien. Il semble désormais s’appuyer sur la fabrication d’ennemis pour tenter de raviver une légitimité affaiblie, tout en mobilisant l’opinion publique autour d’un « danger extérieur » fictif.
Le prétexte avancé – une déclaration académique sans portée officielle – ne saurait justifier une escalade aussi brutale. Il ne s’agit que d’un écran de fumée, visant à détourner l’attention d’un quotidien marqué par les files d’attente pour le lait, l’huile ou la semoule, et par un horizon politique de plus en plus incertain.
En contraste, les Émirats arabes unis incarnent aujourd’hui un modèle de réussite combinant développement, diplomatie proactive et ouverture sur le monde. Ils sont un acteur régional majeur, engagé dans des dossiers stratégiques allant de la sécurité énergétique à la stabilité du monde arabe, en passant par le dialogue entre civilisations. Leur présence est désormais incontournable dans de nombreuses sphères internationales.
Il est clair que les Émirats arabes unis ne toléreront aucune atteinte à leur réputation ni aucune tentative de déstabilisation de leur image bâtie avec constance, rigueur et crédibilité sur la scène internationale. S’ils choisissent aujourd’hui de ne pas répondre directement aux campagnes hostiles, ce n’est pas par faiblesse, mais par sagesse. Leur silence stratégique reflète une posture d’État, fondée sur la retenue diplomatique et la hauteur de vue, sans jamais renoncer à leur droit légitime de défendre leurs intérêts quand cela s’avère nécessaire.
S’en prendre à un acteur de cette envergure relève d’une erreur stratégique majeure, qui ne fait qu’approfondir l’isolement diplomatique de l’Algérie. Après des tensions avec son voisin marocain, avec les pays du Sahel en raison de l’instabilité sécuritaire, avec l’Europe sur les questions migratoires et énergétiques, avec la France sur la mémoire coloniale, et avec l’Espagne sur la coopération méditerranéenne, l’Algérie semble ajouter un nouvel adversaire à une liste déjà longue.
Le monde arabe et maghrébin ne peut plus se permettre de fractures inutiles. L’histoire nous enseigne que ceux qui investissent dans le conflit plutôt que dans la coopération perdent des opportunités précieuses et épuisent leurs peuples. Ce dont la région a besoin aujourd’hui, c’est d’un esprit de lucidité, de dialogue et de construction d’un avenir commun.