Discrimination raciale au cœur d’une municipalité italienne : lorsqu’un conseiller est rejeté parce qu’il est « marocain »
Abdellah Mechnoune
Un épisode choquant de discrimination raciale s’est produit dans la commune de Pieve di Soligo, dans la province de Trévise. Mohammed Hammouch, conseiller municipal chargé du tourisme, a été victime d’un refus de location d’un appartement en raison de ses origines marocaines, malgré un dossier parfaitement en règle.
Âgé de 35 ans, père de jumelles récemment nées, Hammouch cherchait un logement plus grand pour sa famille. Bien qu’il possède déjà un bien immobilier, il souhaitait offrir un espace plus adapté à sa famille grandissante. Après plusieurs visites, il trouve l’appartement idéal, signe un précontrat, verse un acompte, et rencontre même le propriétaire qui, dans un premier temps, accepte la location.
Mais deux jours plus tard, le propriétaire revient sur sa décision : il refuse de louer à Hammouch uniquement parce qu’il est marocain. Une décision qui a profondément blessé le conseiller, d’autant plus qu’elle survient dans la même ville où il exerce son mandat d’élu local.
Sur les réseaux sociaux, Hammouch exprime sa douleur :
« Aujourd’hui, à 35 ans, j’ai ressenti pour la première fois le poids de l’exclusion, du rejet, de la discrimination. Cela fait mal, très mal. Parce que cela vous fait douter : ai-je fait assez ? Ne suis-je pas encore assez italien ? »
Et d’ajouter : « Ce qui fait encore plus mal, c’est de constater que le racisme n’est pas qu’un mot dans les journaux : il est littéralement à votre porte. Je ne me tairai pas. Je continuerai à lutter, même pour ceux qui détournent les yeux. »
Élu avec 217 voix aux dernières élections, Hammouch s’est vu confier par le maire Stefano Soldan les portefeuilles du commerce, du tourisme et de l’environnement. Il est également président de l’association GIM – Giovani Italo Marocchini, et prévoit d’accompagner prochainement une trentaine de jeunes italiens au Maroc dans le cadre d’un échange culturel.
Ce cas soulève une question cruciale : comment une société peut-elle prôner l’inclusion tout en permettant que des préjugés aussi flagrants persistent, même à l’encontre de ses représentants ? Et surtout, combien d’autres subissent ce genre d’injustice, sans la possibilité de se faire entendre ?