Visite d’Emmanuel Macron au Maroc : Une alliance économique et une alliance stratégique 10 milliards d’euros de contrats et accords d’investissements conclus
Dr.Mohamed Benomari
Lors de la visite officielle du président français Emmanuel Macron au Maroc, 40 contrats et accords d’investissements ont été conclus pour un montant global de 10 milliards d’euros, portant sur le transport ferroviaire, les énergies renouvelables, dont le Maroc entend devenir un champion, l’eau, le secteur portuaire ou encore la transition énergétique.
Parmi les gros projets, le groupe français Veolia va développer au Maroc un projet de dessalement d’eau de mer, présenté comme le plus grand d’Afrique et le deuxième au monde.
Alstom devrait prendre part à la réalisation du deuxième tronçon de la ligne de train à grande vitesse Tanger-Marrakech en fournissant 12 à 18 rames. Les travaux de construction devraient commencer fin 2024, avec l’assistance technique et financière de la France. Le premier tronçon avait été inauguré par le Roi Mohamed VI et le président français en 2018. Devant les deux chefs d’État, le directeur d’Alstom a sécurisé un contrat de vente d’une douzaine de rames de train à grande vitesse, destinées à la future ligne Kénitra-Marrakech.
TotalEnergies a pour sa part, signée un des plus gros accords pour le développement de la filière d’hydrogène vert au Maroc.
Autre gros volet, Engie et l’Office chérifien des phosphates ont signé un accord de “partenariat dans la transition énergétique”, dont les énergies renouvelables.
Sahara occidental : alignement “historique” de la France sur la position de Rabat
Le président français Emmanuel Macron a opéré un changement historique dans la position de Paris au sujet du dossier du territoire du Sahara marocain. Dans une lettre adressée au Roi du Maroc Mohammed VI, a souligné que l’avenir du territoire s’inscrivait « dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Macron considère que « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine » et que le plan d’autonomie marocain « constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ».
Emmanuel Macron a réaffirmé solennellement, mardi 29 octobre devant le Parlement marocain à Rabat, que « le présent et l’avenir » du Sahara occidental “s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ».
Un « nouveau livre ensemble pour répondre aux défis du XXIe siècle”, a assuré le président français, invitant le Roi du Maroc, Mohammed VI à sceller un nouveau partenariat, tout en demandant plus de « résultats » dans la lutte contre l’immigration illégale. « Je vois l’occasion et la nécessité d’écrire ce livre nouveau », a lancé le chef de l’État français dans une allocution solennelle de 45 minutes devant le Parlement à Rabat. C’est « même un devoir stratégique » entre la France et le Maroc, mais aussi entre « l’Union européenne et le Maghreb et au-delà », a-t-il insisté.
Emmanuel Macron a invité le souverain à signer un nouveau « cadre stratégique » bilatéral en 2025 à Paris à l’occasion du 70e anniversaire de la Déclaration qui scella l’indépendance du « Cette position n’est hostile à personne », a assuré Emmanuel Macron dans une réponse aux critiques de l’Algérie, qui a rappelé son ambassadeur à Paris après le pas de la France vers le royaume. « Et je le dis ici aussi avec beaucoup de force, nos opérateurs et nos entreprises accompagneront le développement de ces territoires au travers d’investissements, d’initiatives durables et solidaires au bénéfice des populations locales », a-t-il ajouté.
Dans la foulée du discours présidentiel au parlement marocain, le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot a annoncé que son ministère avait « actualisé » la carte du Maroc et du Sahara occidental mise en ligne sur son site pour tenir compte de la nouvelle donne. « Notre ambassadeur s’y rendra dès la semaine prochaine. Nous allons y accroître notre action consulaire et culturelle en vue de la création d’une Alliance française », a-t-il ajouté, tandis que la ministre française de la Culture, Rachida Dati, a évoqué l’inauguration prochaine d’un Institut supérieur des métiers de l’audiovisuel et du cinéma à dimension africaine à Dakhla, grande ville du Sahara occidental sur l’océan Atlantique
Réaction internationale à la reconnaissance francaise de la souveraineté marocaine sur le Sahara
Le journal espagnol El Mundo souligne que ce « changement de position » qui aligne l’exécutif français sur l’idée de Mohammed VI selon laquelle la « seule et unique solution pour le Sahara occidental passe par une autonomie sous souveraineté marocaine ».
El País, journal espadole, la lettre de Macron « a pour principal fondement une realpolitik de consensus international de plus en plus large en faveur de la thèse de l’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara. Elle assume ainsi le revirement opéré par les États-Unis en décembre 2020, en reconnaissant la souveraineté marocaine sur l’ancienne colonie espagnole » analyse le journal.
Pour la Deutsche Welle « l’annonce de la France selon laquelle elle modifie sa position est une victoire majeure pour le Maroc » ce qui constituait « un développement significatif en faveur de la souveraineté marocaine sur le Sahara ».
The New York Times analysant la reconnaissance France de la souveraineté marocaine sur le Sahar constitue souligne qu’Ill s’agit d’une « victoire diplomatique importance pour le Maroc »
Pour Le Soir, la France a finalement choisi de se rallier à la position de Rabat « pour des raisons de collaboration en matière de sécurité ou de migration, pour ses intérêts économiques ».
Alger se tourne ostensiblement vers son flanc est
Alger commente très peu la visite du président français au Maroc, choisissant de s’attarder sur un « axe arabe et nord-africain » ou l’Algérie et l’Égypte ont appelé à s’allier en raison de leur « large façade sur la Méditerranée » qui fait face à l’Europe.
Et c’est précisément au nom de ces intérêts partagés, affirme le journal algérien l’Expresse que « les présidents Tebboune et Sissi vont, sans doute, œuvrer à l’architecture d’une initiative commune en faveur de la convocation d’un Sommet extraordinaire des chefs d’État arabes, consacré à la question palestinienne et aux exigences vitales pour la sécurité de la région du Moyen-Orient et du Maghreb », souligne le journal.