Dr.Rachid Hamimaz
Professeur de l’enseignement supérieur
Chercheur en Sciences Sociales
La noirceur de notre âme en tant que musulman se projette et se cristallise dans la figure de l’oppression, prend forme dans l’existence d’un oppresseur. Cet oppresseur n’est rien d’autre qu’un reflet amplifié de nos travers intérieurs, un miroir déformant qui exagère nos imperfections. Il prospère sur les ténèbres intérieures de l’opprimé, triomphant tant que l’âme est enténébrée. Si tel n’était pas le cas, Dieu aurait-il manqué à Sa promesse en affirmant : « Il Nous était en devoir (incombe) de secourir les croyants » ? (30.47)
وَكَانَ حَقًّا عَلَيْنَا نَصْرُ الْمُؤْمِنِينَ
Point de secours car point de foi véritable ; il ne reste qu’une coquille vide, une apparence nommée Islam. Islam sans Iman.
Dans la rue arabe, on invoque le nom de Saladin, le grand héros des croisades. Mais aujourd’hui, sommes-nous vraiment à l’image de Saladin ? Des symboles lointains, aussi éloignés de ce que nous sommes devenus que le jour l’est de la nuit. Saladin (Ṣalāḥ ad-Dīn), le célèbre sultan kurde qui a mené la lutte contre les croisades au XIIe siècle, souvent décrit comme une figure qui alliait une foi authentique profondément inspiré par les valeurs de l’Islam, à un esprit de combattant intrépide.
La véritable issue réside dans un retour vers soi, ce cheminement et combat intérieur que préconisent les soufis. Quelle part de nous-mêmes suscite la férocité de l’oppresseur ? C’est en rectifiant en soi ce qui se manifeste chez l’autre que l’oppresseur perd peu à peu de sa force, jusqu’à s’éteindre. La lutte n’est pas contre l’ennemi extérieur sans posséder une luminosité intérieure, mais contre les ombres qui habitent l’âme ; chaque pas vers la lumière intérieure affaiblit le reflet sombre qui se dresse devant nous. Revenir à soi, c’est reprendre le contrôle de ce qui nourrit l’oppression ; c’est affaiblir jusqu’à faire disparaître l’ennemi en guérissant les fractures de son propre être.
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