Abdelkader Dhimni
À l’occasion de la parution de son nouveau roman monumental, Le Pont d’Enno’maniya, j’ai réalisé un entretien avec l’écrivain et romancier marocain Abdennour Mezzine pour le site Italia Telegraph…
Avril 2025.
Parmi les propos tenus lors de cet échange : « il existe des cercles de pouvoir et d’influence dans le champ culturel qui se soucient peu de voir émerger de bons écrivains ou des textes de qualité. Ce qui leur importe, c’est la pérennité des privilèges qu’ils tirent de leurs réseaux d’influence et de leurs logiques de clientélisme, organisés selon la hiérarchie classique du « maître et du disciple ». Ces logiques empêchent l’émergence de toute œuvre qui ne vient pas de leurs cercles ou qui leur échappe. Cette prise de conscience m’a confirmé que l’écriture et la culture, elles aussi, peuvent être des territoires de corruption, freinant le développement et nourrissant la superficialité, en produisant ce que j’appelle une « littérature de rente » — dans la poésie, la nouvelle, le roman et les arts en général —, comme on le voit aussi dans cette sorte de « soupe audiovisuelle » que nous servent souvent certains films ou séries. »
Voici l’entretien dans son integralité
De la poésie à la nouvelle, puis au roman… Quel est le secret de ce vagabondage entre les genres littéraires ?
À l’origine — je parle ici des tout premiers élans, de l’éveil de ma fascination pour la littérature — mes tentatives étaient narratives. Je m’exerçais à écrire des récits en imitant les textes que je lisais au collège, puis au lycée. Ensuite est venu l’envoûtement de la poésie, d’abord par la lecture, puis par la tentative de coucher sur le papier des fragments, des pensées, des émotions. Le tout premier texte publié sous mon nom, alors que j’étais encore élève au lycée Sidi Aïssa de Souk El Arbaa du Gharb, fut un poème, paru dans les pages d’un quotidien national en 1983. Il fallut attendre près de dix ans pour que voie le jour ma première nouvelle, publiée en 1992 dans le supplément culturel du journal Al-Ittihad Al-Ishtiraki. Dès lors, le processus d’accumulation s’est enclenché, à la fois en poésie et en prose courte. C’est ainsi que j’ai longtemps oscillé entre le poème et la nouvelle.
Mais la nature même de mes récits m’emmenait souvent vers un souffle narratif plus ample, tant dans les thèmes abordés que dans le traitement des événements ou les fins ouvertes — comme l’ont remarqué certains amis, puis plus tard quelques critiques. C’est donc naturellement, et par esprit d’exploration, que je me suis aventuré dans le territoire du roman, comme prolongement de mes expériences narratives. C’est dans cette dynamique qu’est née ma première œuvre romanesque, Les Lettres du temps de la tempête, après la parution de mon recueil de nouvelles Le Baiser du L.O.S.T. et de mon recueil poétique Les Recommandations de la mer.
Le fait que ce premier roman ait été retenu sur la liste longue du prix international de la fiction arabe (Booker) en 2016 a constitué un tournant décisif dans le regard que lecteurs et critiques ont porté sur moi — cette fois, comme romancier. Pourtant, beaucoup s’accordent à dire que cette œuvre porte un souffle poétique manifeste.
Et ce n’est pas trahir un secret que d’avouer que Les Lettres du temps de la tempête s’inscrit dans la continuité de mon recueil de nouvelles, notamment à travers Contemplation au crépuscule ou Le Baiser de L.O.S.T., texte qui a donné son titre à l’ensemble. Il n’est donc pas étonnant que, dans mon écriture, je mêle souvent poésie, récit bref et roman — parfois même à l’intérieur d’un seul et même texte romanesque. C’est le cas dans mon second roman, Le Pont d’Enno’maniya, où l’on retrouve une multitude de récits de vie imbriqués, portés par une foule de personnages.
Mais malgré cette immersion dans le roman, la poésie et la nouvelle — en tant que genres à part entière — demeurent profondément ancrées dans mon projet d’écriture. Je me prépare d’ailleurs à publier prochainement un deuxième recueil de nouvelles, ainsi qu’un second recueil de poésie. En fait, même dans l’espace vaste du roman, je n’ai jamais pu m’éloigner de l’appel envoûtant de la poésie, ni renoncer à la nouvelle en tant que forme autonome au sein de la créativité narrative.
La relation entre les champs du savoir est aujourd’hui plus que jamais essentielle dans une logique de complémentarité. En quoi le roman peut-il tirer profit du regard du médecin ?
Comme je l’ai déjà évoqué, mon projet littéraire est antérieur, dans le temps, à mon parcours professionnel. Ce dernier ne s’est concrétisé qu’après l’obtention de mon doctorat en médecine à la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat — la même année où ma première nouvelle a été publiée, alors que j’étais encore étudiant en dernière année.
Mais il est certain que ma trajectoire de médecin a enrichi, de manière profonde, mon expérience d’écrivain. Le contact quotidien avec les expériences humaines des gens dans leurs plus grandes vulnérabilités, confrontés à des épreuves intimes, douloureuses, parfois tragiques — cela vous place face à l’essence même de la condition humaine. La maladie, la douleur, l’angoisse de la mort, la lutte pour la vie, les fragilités émotionnelles, les batailles intérieures… tout cela constitue une matière humaine d’une densité bouleversante. Être médecin, c’est comme être posté sur la ligne de front de ce combat permanent qu’est la vie.
Cette immersion dans les zones les plus sensibles de l’expérience humaine a naturellement rejailli sur mon écriture. Elle lui a apporté une épaisseur, une humanité, mais aussi une lucidité. À cela s’ajoute la formation scientifique, qui, à sa manière, façonne une approche analytique, rigoureuse, parfois méthodique, dans la façon de penser les enjeux sociaux, et donc d’aborder aussi les problématiques de l’écriture.
Le roman est, par nature, un produit de la ville — tant par sa genèse que par son évolution. Même lorsqu’il aborde le monde rural, cela se fait souvent plus tard dans le parcours des romanciers. Or, dès votre premier roman, Les Lettres du Temps de la Tempête, vous avez choisi de revenir à la campagne et de lui consacrer une place importante, en explorant Azlaf, dans la région de Beni Ahmed, et en creusant dans l’enfance du protagoniste et son contexte familial. Y a-t-il une vision particulière qui vous a poussé à emprunter cette voie ?
Je crois — et il me semble qu’il y’a beaucoup de vrai dans cela — que l’écriture romanesque, et littéraire en général, est avant tout un acte de communication. Mais une communication d’un type très particulier : complexe, subtile, soucieuse de continuité et de renouvellement. Au cœur de cette dynamique, surgit inévitablement ‘’la question du sens’’ — « pourquoi écrit-on ? ». Sans cette interrogation, implicite à travers ce processus complexe de communication, l’écriture, et en particulier le roman, perd toute légitimité, toute nécessité.
Dans ce type de communication spécifique, l’écrivain, en formulant sa propre vision du monde, s’appuie sur des règles implicites de la transmission, dont l’une des plus centrales demeure le contenu du message et ses finalités.
C’est ainsi que la campagne s’est imposée à moi, naturellement, comme un socle essentiel de la trame narrative — à la fois comme espace-temps doté d’une densité propre, avec ses problématiques singulières, ses dynamiques sociales spécifiques, et ses modes d’expression, souvent traversés de poésie et de tragédie. Mais c’est aussi un choix dicté par quelque chose de plus intime : mon lien personnel à cet univers, que je porte en moi, autant sur le plan de l’expérience vécue que dans sa dimension symbolique, sociale et de plaidoyer.
Je puise donc dans ces réservoirs multiples : les images de l’enfance, avec toutes leurs résonances poétiques et psychologiques ; la mémoire et ses échos, ses rémanences. Et même si les espaces urbains sont présents dans mes écrits, la campagne y reste un arrière-plan omniprésent, à l’image de l’emprise de l’enfance et de la mémoire, qui marquent profondément le parcours de tout écrivain.
Ton premier roman a réussi à se frayer un chemin jusqu’à la longue liste du prestigieux Prix International de la Fiction Arabe (Booker arabe). Quel impact cette consécration a-t-elle eu sur ton parcours créatif ? N’as-tu pas été tenté, par la suite, d’écrire dans l’objectif de remporter un prix parmi les plus convoités ?
L’arrivée de mon roman Les lettres du temps de la tempête sur la longue liste de la Booker arabe a eu un impact très important sur mon parcours d’écriture, à plusieurs niveaux.
Tout d’abord, cela m’a apporté une forme de reconnaissance de la qualité du texte, dans tout ce que cela implique en termes de techniques narratives, de construction de l’intrigue, de niveau stylistique, et sans doute même dans le choix de la toile de fond et du sujet du roman. Et tout cela prend une valeur particulière lorsque l’on vient, comme moi, d’un univers professionnel et académique étranger à celui des sciences humaines et de la littérature. Ce prix a donc renforcé ma confiance dans mon projet d’écriture et mon parcours créatif.
De plus, cette distinction a mis le roman sous les projecteurs, ainsi que moi en tant que romancier. Elle a suscité des entretiens dans les journaux, les magazines, les suppléments culturels, sur les ondes des radios et dans les plateaux télévisés, au Maroc comme à l’étranger. Elle a également suscité de nombreuses lectures critiques et revues du roman — ce qui n’avait pas du tout été le cas pour mon recueil de nouvelles Le baiser du L.O.S.T., passé presque totalement inaperçu. Même le roman n’a véritablement attiré l’attention du milieu littéraire marocain qu’après sa sélection à la Booker, à l’exception de quelques critiques, dont le professeur Mohamed Ahmed El Massaoudi, qui m’avait encouragé à y participer
Tout cela m’a rappelé une réalité à laquelle nous avons toujours été confrontés dans nos luttes collectives : l’excellence dans un domaine donné n’est pas toujours la bienvenue dans le pays auquel j’appartiens, du moins pas de la part de ceux qui tiennent les rênes de la culture. Comme nous l’avons souvent dénoncé, il existe des cercles de pouvoir et d’influence dans le champ culturel qui se soucient peu de voir émerger de bons écrivains ou des textes de qualité. Ce qui leur importe, c’est la pérennité des privilèges qu’ils tirent de leurs réseaux d’influence et de leurs logiques de clientélisme, organisés selon la hiérarchie classique du « maître et du disciple ». Ces logiques empêchent l’émergence de toute œuvre qui ne vient pas de leurs cercles ou qui leur échappe. Cette prise de conscience m’a confirmé que l’écriture et la culture, elles aussi, peuvent être des territoires de corruption, freinant le développement et nourrissant la superficialité, en produisant ce que j’appelle une « littérature de rente » — dans la poésie, la nouvelle, le roman et les arts en général —, comme on le voit aussi dans cette sorte de « soupe audiovisuelle » que nous servent souvent certains films ou séries.
Tout cela n’aurait jamais eu lieu sans l’expérience de l’écriture romanesque et sans l’arrivée de « Les lettres du temps de la tempête » au Booker, qui m’a permis de prendre conscience que l’écriture est aussi un engagement, un combat pour les valeurs auxquelles nous croyons, et qui nous guident dans notre rapport au monde et à notre société.
C’est pourquoi je m’ouvre volontiers à des expériences venues d’ailleurs et je participe à différents prix littéraires, malgré leurs limites en matière d’objectivité, lorsque les conditions le permettent, car ils offrent l’occasion de confronter et comparer mon écriture à d’autres, et de l’élever en termes de qualité. Cela ne signifie pas pour autant que l’on écrit uniquement pour obtenir des prix. Ceux-ci, comme partout dans le monde, sont des activités liées à l’univers littéraire, produites par l’écriture elle-même, nourries et enrichies par elle. Ils participent à l’évaluation et à l’évolution de l’écriture romanesque, sans pour autant en constituer l’unique critère de valeur ou de qualité.
Votre dernier roman ” Le Pont d’Enno’maniya ” s’est imposé par son ampleur comme un exemple emblématique de ce qu’on appelle désormais le “roman obèse”, avec ses plus de 600 pages. Quels paris créatifs se cachent derrière ce souffle romanesque long, dans un monde arabe marqué, dit-on, par une crise de lecture ?
Lorsque j’ai commencé à écrire Le Le Pont d’Enno’maniya, je venais de résister à la tentation d’entamer un nouveau roman à peine un an après la publication de mon premier, et ce, sous de fortes pressions psychologiques – notamment celle de prouver ma capacité de production romanesque, de peur que Les Lettres du temps de la tempête ne soit qu’un coup du hasard, ou un feu de paille ; un “œuf de coq”, comme on dit. Mais j’ai su me dérober à cette impulsion, convaincu qu’un roman doit s’appuyer sur une idée ou un message fort qui en constitue le pivot, à la fois par son actualité et sa profondeur.
J’ai alors été guidé vers un thème brûlant : ces séismes qui ont ébranlé nombre de pays et de sociétés arabes et maghrébines, sous diverses appellations, mais au cœur desquels se trouvait toujours la plaie vive des identités fracturées. C’est de là qu’est née l’idée centrale du « Le Pont d’Enno’maniya » : les blessures identitaires au sein d’un même pays du Sud global. Un sujet “obèse”, justement, par sa complexité et sa portée.
J’ai donc choisi de traiter ce thème principal sur un mode narratif, en l’enrichissant de thématiques secondaires – comme la négritude ou la féminité dans nos sociétés – qui en constituent des variations. Le roman devait être à la hauteur de cette charge intellectuelle, malgré l’époque actuelle qui valorise la célérité et la concision dans toute forme de communication. En tant que romancier, je ne m’arrête pas à l’instant présent : le roman, comme je l’ai déjà dit, est un acte de communication complexe, évolutif, qui se transforme avec le temps – tant dans le traitement de ses thèmes que dans les contextes de réception, notamment en cette époque marquée par de profondes mutations.
La révolution technologique, en particulier, a transformé l’identité en un cheval de Troie utilisé pour démanteler les anciens mondes et construire de nouvelles identités hybrides, où les algorithmes s’entrelacent avec les centres de pouvoir avides de domination et de toute-puissance, et déterminées à anéantir tout ce qui, ou tout ce qui se dresse face aux vagues dévastatrices de leur expansion.
Ainsi, lorsqu’un roman tente d’aborder des problématiques aussi sensibles, on ne peut pas en sous-estimer les techniques narratives et les approches stylistiques, au risque d’appauvrir les multiples niveaux de réception – aussi bien ceux liés au moment présent qu’à ceux déterminés par l’évolution des contextes futurs.
Quant à la crise de la lecture, elle est devenue presque une idéologie destinée à justifier bien des pratiques : comme la marginalisation des efforts réels des écrivains ou le camouflage de l’incapacité à développer une véritable industrie du livre. Cette situation est, en grande partie, liée au regard officiel porté sur la culture et les intellectuels – une vision qui la place en marge de tout processus de développement et la confine à une forme de luxe ou de loisir, sans considérer sa fonction essentielle dans la construction de la conscience collective et la cohésion sociale.
C’est pour toutes ces raisons que Le Le Pont d’Enno’maniya s’adresse d’abord à une catégorie de lecteurs engagés, attachés au roman comme genre littéraire, et dotés d’un goût esthétique leur permettant de recevoir ce type d’œuvre. Malgré tout, y compris parfois son « obésité », le roman a pu traverser le temps et parvenir jusqu’à nous dans toute sa vitalité – une vitalité que même ses auteurs, parfois, n’avaient pas pressentie.
Pour revenir à la poésie, et plus précisément à la poéticité, on remarque que tu n’as jamais renoncé à cette inclination générale vers une langue poétique et métaphorique, qui attire l’attention sur elle-même, sur sa propre esthétique, avant même de renvoyer à un sens extérieur lié à l’intrigue ou aux événements. Quel est donc le secret de cet attachement à la langue poétique ? Et y a-t-il des finalités derrière ce choix stylistique ?
Comme je l’ai déjà mentionné, l’écriture narrative et romanesque est un acte communicationnel complexe, qui vise un dialogue avec le lecteur, le récepteur au sens large, afin de construire ensemble un sens partagé. Pour atteindre ce but, cette opération communicationnelle devait forcément s’appuyer sur certains outils, au cœur desquels se trouve la langue – en tant qu’outil justement.
Depuis toujours, la réception est étroitement liée à la langue, à sa structure, à l’usage de ses métaphores, dans le but de bâtir un imaginaire commun avec le lecteur, et de parvenir ainsi à une compréhension plus fine et à l’élaboration d’un sens partagé. C’est dans ce cadre que s’inscrit la poéticité du langage, sous toutes ses formes, comme fondement des structures du plaisir dans l’expérience de lecture. Car savourer un texte à travers ses métaphores, ses résonances internes, la mesure de ses rythmes, le battement de ses mots selon leur place dans le récit, fait entrer le lecteur, à certains moments, dans les vibrations du texte, dans les ondes du plaisir, jusqu’à atteindre ce que l’on peut qualifier de jouissance – profondément enracinée dans la généalogie même de la psyché humaine.
C’est pourquoi, au-delà du fait que ce type d’écriture s’est naturellement imposé dans mon style personnel, je revendique consciemment cette célébration du potentiel poétique du langage en tant qu’outil de communication. J’entends par là l’intégration d’une poéticité modulée au sein du texte narratif, en misant sur cette capacité innée de l’être humain – quels que soient son niveau de conscience ou de culture – à jouir des rythmes et des résonances à dimension musicale, grâce à ce que Dieu a placé en lui : cette faculté de percevoir le langage à travers le centre musical du cerveau.
Cela dit, le texte narratif repose aussi sur d’autres éléments, comme la progression rythmique du récit, les mécanismes de construction de l’intrigue, ou encore la création d’un plaisir d’attente, jusqu’à atteindre ce que l’on pourrait appeler, comme décrit par Aristote, la « catharsis » – cette libération émotionnelle décrite dans sa Poétique, sa Rhétorique et même dans sa Politique. Ainsi, lorsqu’il s’agit de construire la dimension esthétique du récit, mon travail romanesque consiste à rechercher constamment cet équilibre entre la charge poétique nécessaire – mais jamais excessive – qui naît du récit et au service du récit, et les exigences de l’évolution narrative, qui génèrent elles aussi du plaisir et tissent le fil conducteur menant à la libération émotionnelle ultime.
Dernière question : comment évalues-tu la réception critique de tes écrits narratifs ? Et penses-tu que cette critique t’a aidé à revoir ou à affiner ta vision et ta maîtrise narrative ?
Comme je l’ai mentionné au début, mon recueil de nouvelles publié en 2010 est passé presque inaperçu. Il n’a attiré l’attention de personne, à l’exception du critique Dr. Mohamed El Massaoudi, qui lui a consacré un article analytique. À mon sens, cela s’explique par mon apparition encore récente sur la scène narrative marocaine à l’époque. En revanche, mon roman Les Lettres du Temps de la Tempête, après avoir été sélectionné pour le Prix international de la fiction arabe (Booker arabe), a retenu l’attention des critiques et des acteurs culturels, aussi bien à travers des articles critiques, des revues culturelles ou encore des travaux de recherche, au Maroc comme dans le monde arabe. Il a également été étudié dans le cadre de recherches universitaires marocaines : mémoires de licence, de master ou thèses de doctorat. La dernière en date étant votre propre étude approfondie et pertinente, publiée en 2024 sous le titre : « Narrativisation de la mémoire politique dans le nouveau roman marocain : entre la question identitaire et l’enjeu de l’expérimentation – étude du roman Les Lettres du Temps de la Tempête d’Abdennour Mezzine. »
Par ailleurs, mon roman Le Pont d’Enno’maniya, bien qu’il soit tout récent (publié en juin 2024), a déjà suscité des études remarquables. Il a été analysé par les professeurs Mohamed Ahmed El Massaoudi, Dr. Abdessalam Mansouri, Dr. Houda Anqar, ainsi que par des chercheurs doctorants. L’article du Dr. El Massaoudi a déjà été publié, tandis que les autres sont en cours de publication. Ce roman est également étudié dans des travaux de master et de doctorat à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Martil, sans oublier les nombreuses émissions radio et télévisées auxquelles j’ai été invité.
On peut donc dire que Les Lettres du Temps de la Tempête, en accédant à la candidature de la « short List » du Prix Booker, a dans une certaine mesure permise de mettre en lumière mon expérience narrative. Et bien entendu, chaque lecture critique m’apporte un nouvel éclairage sur certains aspects de mon écriture, qui méritent peut-être plus d’attention ou de développement – notamment cet équilibre à maintenir entre l’élan poétique et l’esthétique du récit dans la construction romanesque.
Merci.