La proposition d’autonomie au Sahara marocain entre logique d’exception et politiques de généralisation : Analyse à la lumière du soutien américain et des défis de l’unité territoriale

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Dr. Abdellah Chanfar

 

 

L’initiative d’autonomie proposée par le Maroc en 2007 pour résoudre le conflit au Sahara marocain représente un tournant stratégique dans la gestion de ce dossier. Elle combine souplesse politique et un alignement partiel avec les principes d’autodétermination du droit international.

Avec le renouvellement de la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara sous l’administration Trump II en 2024, l’analyse de cette initiative prend une importance croissante, tant du point de vue juridique et historique que de sa faisabilité et de sa capacité à être généralisée dans un contexte marocain aux structures sociales variées.

1. Contexte historique et juridique de l’initiative marocaine :
L’initiative repose sur une souveraineté historique effective sur les territoires sahariens, reconnue en 1975 par la Cour internationale de Justice, qui a établi des liens d’allégeance entre les tribus sahraouies et le trône marocain. Cela a constitué une base juridique solide pour proposer une solution équilibrée entre souveraineté et statut particulier.

Elle offre un modèle d’autonomie dans le cadre de l’unité souveraine, avec des institutions locales et régionales dotées de compétences élargies (planification, exécution de projets), sans empiéter sur les prérogatives souveraines de l’État.

2. Soutien américain et transformations internationales :
La reconnaissance américaine constitue un atout stratégique qui a incité plusieurs pays à soutenir l’autonomie comme solution réaliste. Ce soutien a ouvert des perspectives de coopération économique et diplomatique, qu’il convient d’exploiter pour consolider la souveraineté plutôt que de s’en servir uniquement comme levier de négociation.

3. Comparaison avec d’autres modèles d’autonomie :
Des expériences variées montrent les risques et réussites :

Le Kurdistan irakien a gagné une autonomie mais a réveillé des velléités séparatistes.

En Catalogne, l’autonomie a été un précurseur de crise politique.

À Hong Kong, l’ingérence du centre a miné l’autonomie.

Les Açores et Madère offrent un modèle réussi de décentralisation équilibrée, auquel le modèle marocain peut s’apparenter.

4. Défis structurels au sein du système marocain :
Le succès de l’initiative dépend de son intégration dans un projet national global. Les disparités régionales, la diversité tribale et ethnique posent la question de la justice territoriale et de la répartition du pouvoir.

Les loyautés multiples, notamment dans les régions sahariennes, rendent complexe l’adhésion pleine à l’État central. Malgré les efforts de développement et de représentation, les identités locales demeurent fortes. Une narration nationale inclusive est nécessaire, reconnaissant la diversité tout en valorisant l’unité.

5. Vers une politique publique cohérente :
La réussite de l’initiative passe par :

1. Une constitutionnalisation claire et limitée de l’autonomie ;

2. Une justice territoriale accrue dans le Sud ;

3. Des institutions décentralisées efficaces ;

4. Une narration nationale inclusive ;

5. Une valorisation stratégique du soutien américain.

Conclusion :
L’initiative d’autonomie est une opportunité historique pour rééquilibrer les relations centre-régions. Ce n’est pas une simple tactique, mais un projet national d’unité dans la diversité, à consolider dans une réforme globale et durable.

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