L’éveil spirituel à travers la compréhension de la souffrance d’autrui

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Dr.Rachid Hamimaz
Professeur de l’enseignement supérieur
Chercheur en Sciences Sociales

 

 

Dans la souffrance de l’autre, il y a une élévation : un éveil à une réalité profonde, authentique, libérée de toute illusion.

« La grandeur de la récompense est à la hauteur de la dureté de l’épreuve. Quand Dieu aime un peuple, Il l’éprouve. Celui qui accepte avec patience aura la satisfaction de Dieu, et celui qui s’indigne aura l’indignation de Dieu. (Rapporté par At-Tirmidhi)

« Par Ma grandeur et Ma puissance, Je n’éloigne pas Mon serviteur croyant de ce qu’il aime sans que cela ne soit un bien pour lui. » (Hadith Qudssi rapporté par Ahmad)

Dans notre confort douillet, réside une dégradation : un engourdissement intérieur, un sommeil de l’âme qui nous enferme dans l’illusion.

La rencontre avec le visage de l’autre, marqué par la souffrance et la détresse, nous appelle à une responsabilité infinie et éveille une conscience éthique profonde, comme nous le rappelle le philosophe Emmanuel Levinas. En restant dans notre confort, nous fuyons la confrontation avec la souffrance d’autrui et manquons ainsi l’opportunité d’éveiller cette conscience éthique qui pourrait transformer notre rapport au monde.

Faut-il alors souhaiter éprouver la souffrance de l’autre pour accéder à cet éveil ? Non, et cela pour une raison majeure : certaines âmes ont été choisies pour endurer des souffrances extrêmes, dotées de la force nécessaire pour les traverser et les supporter. Ces épreuves leur sont destinées selon une sagesse qui dépasse notre compréhension, et nous n’appartenons pas nécessairement à cette catégorie d’êtres humains à qui de telles épreuves ont été confiées. Il nous faut plutôt rendre grâce et invoquer la seule Réalité afin de demeurer éveillés avec la même profondeur de conscience que celle à laquelle la souffrance de l’autre ouvre l’accès.

Comment alors le dhikr – la répétition de la formule de l’unicité – peut-il éveiller en nous cette conscience éthique et cette responsabilité infinie envers l’autre et envers nous-mêmes, telle que l’enseigne Levinas ?
La répétition de la formule de l’unicité dissout les illusions de l’existence et nous rappelle que Dieu se manifeste en toutes créatures, en particulier dans celles qui souffrent. « Si vous ne voyez pas Dieu dans le miséreux, celui qui souffre, le malade, où pensez-vous Le voir ? Attendez-vous qu’Il vienne à vous sur un cheval blanc pour vous dire : “Je suis votre Seigneur”? » C’est ainsi que Sidi Mehadji, un saint marocain du XIXe siècle, s’adressait un jour à ses disciples, qui se montraient indifférents à la détresse humaine, selon le témoignage de Sidi Hamza.

C’est ainsi que nous reconnaissons la valeur transformatrice qu’apporte la compréhension de la souffrance d’autrui à notre cheminement spirituel. Cette transformation commence par l’élargissement de notre conscience au-delà de notre individualité, en reconnaissant notre interdépendance avec tous les êtres. Elle se manifeste aussi en faisant de notre spiritualité une force active qui inspire et influence positivement le monde autour de nous. Enfin, elle donne un sens plus profond à nos pratiques spirituelles, comme le dhikr, en les reliant directement à notre responsabilité envers autrui.

Je me souviens d’une parole de Sidi Hamza :
« Lorsque le disciple s’assoit pour invoquer, il ne le fait pas que pour lui-même ; il doit être dans des dispositions de compassion et de prière pour tous ses frères et sœurs. »

Un dhikr centré uniquement sur soi, qui ne fait pas de nous des bougies éclairant notre entourage, n’est pas un véritable dhikr.

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