Par Marc Tarazi
Le parcours de l’artiste libanais Gebran Tarazi (1944-2010) est une synthèse des mondes artistiques ; de l’art moderne contemporain, l’abstraction dans l’écriture, à l’innovation et la créativité, et ce à partir de son expérience artistique initiale dans l’atelier de la famille Tarazi pour les arts en bois orientaux arabes traditionnels. Il a renouvelé les dessins géométriques traditionnels, et introduit la modernité dans le patrimoine et le patrimoine dans la modernité ; jusqu’à devenir un phénomène artistique indépendant et à part entière, difficile à classer jusqu’à présent, sauf qu’il s’agisse d’une école de dialogue artistique entre l’Orient et l’Occident. Par ailleurs, Gebran Tarazi appelle également à l’attachement au patrimoine maghrébin et oriental d’une part, et à une bonne compréhension et maîtrise du sens de la modernité artistique d’autre part, et à les reconcilier à travers le renouveau, l’innovation, la contemplation et le stylisme.
A noter également que cet innovant Libanais dans le domaine de l’art abstrait géométrique arabe moderne, Gebran Tarazi, est descendant d’une famille qui s’est intéressée depuis plus de 160 ans à l’art oriental, notamment à la géométrie (arabesque) et au secret des motifs floraux généralement apparentes dans la menuiserie, ainsi qu’au commerce des antiquités orientales arabes en cuivre incrustées d’argent ; certains de ses chefs-d’œuvre portant le nom Tarazi incrusté d’argent de même.
De plus, les travaux géométriques contemporains de Gebran Tarazi reflètent un effort continu, innovant et infatigable pendant quinze ans à partir de 1988. Il était indifférent à l’isolement social et au rejet de la communauté artistique à son égard parce qu’il croyait en la cause de l’art oriental et sa capacité à évoluer vers la modernité, sachant que la recherche de l’identité orientale était au centre de ses œuvres artistiques.
Nous attirons l’attention sur le fait que les œuvres de Gebran Tarazi sont entrées dans des musées, notamment le Musée arabe d’art moderne « Mathaf: Arab Museum of Modern Art » à Qatar en 2015 avec une collection intégrée, en plus d’un autre musée international de renommée en 2023, outre sa participation au plus importantes expositions d’art arabe. De plus, ses peintures ont été exposées à Paris en 2016, au côté de l’artiste international « Vasarely » en reconnaissance de la grande contribution de Gebran Tarazi à l’art moderne arabe et son originalité.
En 2023, le Musée d’Art de Beyrouth « Beirut Museum of Art-BeMA », un grand projet artistique en construction au cœur de la capitale, a achevé la transformation de l’ensemble des documents et des réalisations de Gebran Tarazi en une archive électronique numérique qui sera disponible pour les chercheurs et les historiens dans le domaine de l’art, à lire et étudier. En outre, en 2024, l’expérience de Gebran Tarazi a été incluse dans le programme d’études supérieures de l’Université Libanaise en reconnaissance à son rôle de pionnier ingénieux, artistique et littéraire dans l’histoire artistique du Liban et des pays arabes.
Par ailleurs, Gebran Tarazi est un écrivain reconnu et un romancier talentueux en littérature française, auteur du roman intitulé : Le pressoir à olives, publié à Paris en 1996. Il contribue à la culture arabe en se basant sur son identité chrétienne orientale et son rôle historique dans le Monde Arabe. Il a vécu plusieurs époques et cultures au Royaume Chérifien du Maroc, à Damas et à Beyrouth, et tout cela s’est reflété dans ses écrits et son art.
Le cheminement de Gebran Tarazi est très intense. Il est documenté dans deux livres illustrés publiés sur sa carrière artistique. Le premier livre est intitulé : Variations Géométriques écrit par l’artiste lui-même, et publié en 2007 aux éditions « Fine Art Publishing » (La Maison des Beaux-Arts) à Beyrouth, Liban. Dans ce livre, il explique sa perspective et vision philosophique artistique, manifeste artistique intitulé « Besoin d’Orient ».
Le deuxième livre est intitulé : Douze Saisons / Twelve Seasons, écrit par Morad Montazami, et publié à Paris (France) par la famille Tarazi en 2017, aux éditions « Zamân ».