Le Docteur Mounir El Kadiri traite des valeurs éthiques en enseignement comme moteur de développement

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Italiatelegraph Madagh :Le Docteur Mounir El Kadiri, Président de la Fondation al Moltaqa et Directeur du Centre Euro-Méditerranéen pour l’Etude de l’Islam Aujourd’hui (CEMEIA), a insisté sur la nécessité de réfléchir aux méthodologies et moyens pratiques qui peuvent mettre fin à la dégradation éthique et morale que connait le monde aujourd’hui, dans le contexte de la révolution technologique et scientifique débridée et dénuée de tout principe moral. Il a continué en signalant que la principale caractéristique de cette révolution est qu’elle porte un système de valeurs matérialistes, corrompues, et inhumaines, produisant une décadence morale et sociale sans précédent.

Ce fut à l’occasion de sa participation à la 83ème édition des Nuits al Wissal, organisée par la Mashyakha de la Tariqa Qadiriya Boutchichiya et la Fondation al Moltaqa en collaboration avec la Fondation al Jamal, ce samedi 18 Décembre, avec une intervention intitulée : « Les valeurs éthiques en enseignement comme moteur de développement ».
Le Dr. El Kadiri a attiré l’attention sur la dimension mondiale de la crise de valeurs, vécue par l’occident, qui essaie de la traiter à travers des études et recherches, sans succès, car elles reposent sur des principes laïques de rationalité et d’utilité et écartent les valeurs religieuses. Il a ajouté que cette crise est également vécue par le monde musulman, dans une moindre mesure, à cause du non-respect des valeurs authentiques de l’Islam. Il a continué en précisant : « Malgré l’omniprésence des valeurs dans tous les domaines de la vie des sociétés musulmanes et même au sein des programmes scolaires, cette présence n’a aucun impact si ces valeurs ne sont pas adoptées comme fondement de l’éducation ; en effet, toute réforme qui ne ferait pas des valeurs éthiques et morales, à la fois son point de départ et son objectif final, n’en est pas vraiment une car l’éducation éthique de l’être humain est le seul fondement crédible pour toute édification ».

Le Président de la Fondation al Moltaqa a par ailleurs cité quelques exemples de réformes du système d’éducation dans le monde, notamment celle entreprise par la Finlande en remplaçant la multiplicité des matières par l’étude de sujets complémentaires, couvrant tous les aspects de la vie, à la fois scientifiques et humains, et visant à préparer l’étudiant au marché du travail, ainsi que l’expérience japonaise, lancée en 2018, qui intègre l’étude de l’éthique aux programmes scolaires en tant que rempart contre la dégradation éthique au sein de l’école et de la société japonaises. Il a cité dans ce sens cette parole de l’écrivain et penseur américain William Evans (1998) : « En occident, nous avons cru que la science et la technologie peuvent résoudre tous les problèmes du monde grâce au pouvoir de la connaissance, mais l’éducation moderne a négligé le développement de la créativité humaine et des valeurs spirituelles ».

Il a aussi montré que la prolifération de certains phénomènes tels que la violence scolaire, la consommation et le trafic de drogue au sein des établissements, ainsi que la dégradation morale à l’intérieur et devant les établissements scolaires ne sont que des manifestations de l’impact négligeable de l’éducation éthique sur les comportements des individus dans nos sociétés et des conséquences de la dissociation entre l’enseignement et l’éducation. Il a mentionné, à ce sujet, que le changement dans les sociétés est soumis à une loi divine universelle et immuable, en citant le verset 11 de la Sourate 13 « Ar-ra’d» (Le Tonnerre) : « Dieu ne Modifie pas la condition d’un peuple tant que les [individus qui le composent] ne modifient pas ce qu’est en eux-mêmes ».

Le Dr. El Kadiri a insisté sur l’importance du secteur de l’enseignement et de l’éducation pour le développement des jeunes générations, qui sont la base de l’édification de tout pays ou société ; en effet, les programmes éducatives sont un moyen pour le changement social positif et la locomotive du développement sociétal global et durable. Il a cité, dans ce contexte, cette parole du Dr. Philip H. Cooms dans son livre « La crise mondiale de l’éducation » : « Nous sommes confrontés à une grande crise de l’éducation du fait de la déficience des programmes actuels et leurs incapacité à construire un système éducatif social et éthique ». Le Dr. El Kadiri a, dans ce sens, affirmé que l’enseignement d’aujourd’hui est incapable de former des générations possédant la connaissance et la conscience nécessaires, car il ne réalise pas l’équilibre entre les aptitudes matérielles de l’apprenant et ses besoins éthiques et moraux.

Il a continué en ajoutant que l’enseignement d’aujourd’hui produit des individus qui présentent un danger pour eux-mêmes et pour ceux qui les entourent car ils n’accordent aucune importance à la dimension éthique. Il a, ensuite, affirmé que l’éducation sans savoir est arriération et récession et l’enseignement sans éducation est déviation et confusion. Il a insisté sur le fait que Dieu, Exalté Soit-Il, a associé les deux en faisant de l’éducation la base de l’enseignement, comme l’atteste le verset coranique : « Gardez-vous de Dieu, Il vous Dispensera Sa Science », ou encore celui décrivant la mission du Noble Prophète (PSL) : « C’est ainsi que Nous vous Avons envoyé un Prophète parmi vous qui vous récite Nos versets, vous purifie, qui enseigne le Livre et la sagesse et vous enseigne ce que vous ignoriez ».

Le Dr. El Kadiri a également rappelé cette parole du Shatibi : « La loi musulmane (Shari’a) n’est, dans son intégralité, que revêtement des qualités nobles, et c’est pour cette raison que le Prophète (PSL) a dit : « Je n’ai été envoyé que pour parfaire la noblesse du comportement » ». Il en a conclu que la science qui n’est pas accompagnée d’éducation et adossée à une éthique peut être utilisée à mauvais escient et conduire à la destruction, ce qui est contraire aux objectifs même de la science.

Le directeur du CEMEIA a appelé à prendre soin du système de valeurs et à lui donner une place de premier plan dans le cadre de la formulation des programmes d’éducation islamique et morale, en travaillant à réorganiser le système de valeurs pour les générations futures dans les sociétés arabes et islamiques sur des bases morales et humaines, et à promouvoir le principe de l’éducation par l’exemple.

Il a souligné le besoin actuel d’avoir plus de modèles de bon comportement pour les étudiants dans un contexte où les médias et les moyens de communication modernes pratiquent une grande influence sur les jeunes. Il a ajouté qu’un enseignant mérite le rang de modèle lorsque son comportement est à l’image d’un modèle vivant qui suit les traces du Noble Prophète (PSL). Il a , de surcroît, insisté sur le besoin de travailler sur le principe de « science utile », qui donnera aux élèves les valeurs et les attitudes positives pour former une bonne personne en société.

Le Dr. El Kadiri a expliqué que le contexte actuel de notre communauté exige de renforcer l’immunité et prémunir les jeunes générations contre les dangers menaçant nos croyances, notre pensée et notre comportement. Il a appelé les responsables de l’enseignement et de l’éducation à évaluer le parcours éducatif, en ajoutant que la négligence dans la réforme du comportement est plus grave que la négligence dans la réforme des connaissances et de la science car un comportement déviant dépasse l’échelle de l’individu pour atteindre la société dans son ensemble. Il a, dans ce sens, fait référence aux paroles d’Umm Sufyan At-Thawri : « Ô mon fils, prends ces dix dirhams, et apprends dix hadiths. Si tu vois l’impact de cet apprentissage sur ta manière de t’assoir, de marcher et de parler avec les gens, alors continue, et je t’aiderai avec mon fuseau, sinon laisse cette science car je crains que ce ne soit un fléau pour toi le jour de la résurrection ».

Il a souligné que l’éducation, qui établit les valeurs, les principes et l’avenir d’une nation, ne peut pas emprunter ses programmes d’enseignement à d’autres nations, ajoutant que le progrès et la réforme des personnes dépendent à la fois d’une bonne éducation et d’un enseignement de qualité. Il les a décrits comme « deux ailes d’un oiseau », l’une ne peut être remplacée par l’autre. Il a poursuivi : « En effet, les nations sont perdues en conséquence du manque d’éducation et d’un enseignement de mauvaise qualité. L’enseignement seule peut produire la corruption, mais une fois associé à l’éducation, il élève les gens. Le manque d’éducation avec un enseignement de bonne qualité n’est pas profitable, alors qu’en est-il du manque d’éducation avec un enseignement de mauvaise qualité ? On voit ainsi clairement la relation et la complémentarité entre l’apprentissage comme porte d’accès à la recherche du savoir et de la sagesse, et l’éducation aux valeurs spirituelles et morales, comme une porte vers la recherche de la perfection Mohammadienne ».

Le Dr. El Kadri a par ailleurs illustré ces propos par les déclarations de la chercheuse Jennifer M. Gidley de l’Université de Sydney dans un document intitulé « L’enseignement pour tous ou l’enseignement de la sagesse » dans lequel elle a souligné que « ce dont le monde a besoin aujourd’hui, ce sont des systèmes éducatifs cohérents au niveau de l’école et de la société, soutenus par des systèmes de valeurs morales […] instaurant les bases du dialogue, de la tolérance, du vivre ensemble et luttant contre la violence, la haine et le fanatisme ».

Le docteur El Kadiri a appelé à la concertation des efforts entre l’administration de l’école, l’enseignant, la famille, les divers institutions ainsi que les voies soufies, en précisant que « La complémentarité dans l’action nous mène à l’harmonie, nous libère des mauvaises pensées et nous éloigne des comportement inacceptables, permettant ainsi de nous préserver de la culture de l’autre, qui n’est pas toujours en accord avec notre propre culture et éducation. Ce n’est qu’ainsi que l’on peut construire une personnalité claire et sans contradictions ». Il a ajouté que la relation entre les valeurs et l’éducation est une relation interactive dans le sens où les valeurs impactent l’éducation et vice versa.

Il a par ailleurs mentionné que l’enseignement est l’une des profession les plus importantes et qui nécessitent des principes et fondements sur lesquels baser les programmes et délivrer le message, et qu’il est également la voie du développement dans la vie grâce à ses productions scientifiques nécessaires au progrès dans tous les domaines. Il a continué en montrant que l’éthique et les valeurs morales sont indispensables pour la réforme de la société et sont la mesure de la réussite des peuples et des individus, en insistant sur le fait que l’éducation de l’homme doit être au cœur des efforts et des projets de toute nation désirant le progrès et la croissance.

Le Dr. El Kadiri a également affirmé que l’éducation aux nobles caractères nécessite la compagnie des gens pieux et véridiques, à la haute moralité, et de cheminer progressivement vers la Présence Divine, en précisant que le maitre éducateur, véritable guide vers Dieu, et détenteur des caractères mohammadiens, est le modèle duquel le disciple s’inspire de façon concrète pour revêtir, à son tour, ces qualités nobles dans ses états et ses comportements. Il a ajouté que c’est cela l’impact de la fraternité sincère et de la bonne compagnie, en citant le verset 119 de la Sourate « At-Tawba » (Le repentir) : « Ô vous qui croyez, craignez Dieu et soyez avec les véridiques ». Il a également signalé que les voies soufis ont, depuis toujours, confirmé les fruits du compagnonnage du maitre connaisseur en Dieu pour l’éducation de l’âme.

Il a ajouté que le soufisme est une école qui vise à présenter une vision globale de l’éducation adoptant l’éducation aux valeurs spirituelles et morales comme fondement pour le développement de la personnalité de l’être humain dans son intégralité en tenant compte de toutes ses dimensions : physique, intellectuelle, spirituelle, émotionnelle et affective, afin de lui permettre d’être une personne créative et capable d’exploiter ses acquis pour son bien et le bien de la société. Il a également précisé que l’intérêt général de notre pays ainsi que le futur de la communauté musulmane et de l’humanité tout entière nécessite la collaboration de tous les acteurs, que ce soit les voies soufies, les établissements publics, les universités et institutions, ainsi que tous les spécialistes pour un but commun qui est celui de la préparation d’une génération capable de relever les défis du futur.

Le Dr. El Kadiri a conclu son intervention en insistant sur l’importance des initiatives royales et des grands chantiers d’élaboration du nouveau projet de développement qui vise à moderniser le système d’enseignement et d’éducation, et à consolider la participation active et la vision partagée de tous les intervenants dans ce secteur auprès des jeunes, ainsi que l’intégration et la participation effective de la jeunesse dans ce nouveau projet de développement avec une ambition commune pour un Maroc prospère et ouvert sur son environnement sous la gouvernance bien guidée de sa Majesté, Prince des Croyants, le Roi Mohammed 6, que Dieu l’Assite.

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